Contrairement à mes habitudes, cet article n'est pas une présentation photographique destinée à mettre en valeur le patrimoine de la Plaine des Vosges. Il s'agit d'un article dans lequel je veux montrer le lien fort qu'il y a eu pendant la guerre entre mes grands-parents maternels et la Résistance dans la Plaine des Vosges.
Je vous remercie de le parcourir pour arriver au lien important que je partage en fin d'article, lequel vous donnera accès à des documents historiques.
Aujourd'hui je décide de partager l'action héroïque de mes grands-parents maternels Georges et Lucienne BIET alors qu'ils résidaient à Neufchâteau pendant la deuxième guerre mondiale. Mon grand-père dirigeait la brigade de gendarmerie de Neufchâteau, il avait monté un réseau d'évasion de prisonniers de guerre, le réseau d'évasion de "La Seille au Doubs".
Les évadés passaient par l'habitation que mes grands-parents occupaient à la gendarmerie. Ils recevaient d'eux tout ce qu'il leur fallait pour continuer leur périple afin de rejoindre la zone libre.
Mon grand-père avec les Résistants de Neufchâteau et des environs, procédait à de multiples actions et sabotages pour nuire à l'ennemi jusqu'au moment où il fut arrêté par les Allemands.
Transféré à la prison Charles III de Nancy où il a subi interrogatoires sous la torture il ne donna jamais le moindre renseignement sur le réseau qu'il dirigeait. Ensuite transféré à Compiègne, il fut déporté pour trois ans en Allemagne, déportation dont il revint miraculeusement après la libération du camp de Dachau.
Pendant cette période de déportation, ma grand-mère continua son action au sein du réseau d'évasion en liaison avec les Résistants de Neufchâteau. Leur fils Roger s'engagea aussi dans la Résistance, il fut arrêté, déporté en Allemagne d'où il ne revint pas, emporté par le typhus à la libération des camps de la mort.
Dans ma jeunesse, je voyais souvent mon grand-père avec sa machine à écrire. Il tapait ce qu'il avait vécu depuis son enfance, pendant la guerre et après la guerre.
Il ne nous parlait pas de sa déportation, il en avait juste parlé à mon père et à un oncle militaire de carrière en leur demandant de garder le secret, ce qu'ils ont respecté. J'ai appris bien plus tard qu'il avait écrit ce qu'il avait vécu pendant la déportation mais qu'un jour il brûla tout dans sa cheminée.
À sa mort, mes parents récupérèrent tout un dossier de documents qui leur était destiné, une cousine récupéra un autre dossier.
Voulant tout faire pour que ces documents perdurent, je les ai réunis après la mort de mes parents pour les numériser.
Par l'intermédiaire de Nicolas BONNET (**) qui écrit des chroniques sur le passé néocastrien, j'ai eu la chance de faire la connaissance de Julien DUVAUX, auteur entre autres de l'ouvrage "Le Pays de Neufchâteau en Guerre" dans lequel il parle longuement de la Résistance sur le secteur de Neufchâteau.
Julien DUVAUX est Attaché principal de conservation du Patrimoine.
Je me suis lié d'amitié avec Julien DUVAUX qui a effectué un travail considérable pendant son temps libre en inventoriant les documents, en les présentant, en effectuant des recherches puis en classant tous les fichiers numériques que je lui transmettais au fur et à mesure.
(**) Nicolas Bonnet m'avait contacté sur Facebook à la suite du photomontage ci-après que j'avais publié sur le réseau social le jour du Souvenir de la Déportation 2020.
Ce travail étant fait, il fallait mettre tous ces documents en sécurité afin qu'ils ne puissent pas disparaître.
Après échange avec Julien DUVAUX et ma famille, nous avons pris la décision de les confier aux Archives Départementales des Vosges à Épinal.
Julien DUVAUX avait fait l'inventaire des documents et rédigé les pièces du dossier, je n'avais plus qu'à mettre les documents dans des chemises et sous-chemises suivant le classement défini dans l'inventaire pour que l'ensemble originaux classés soit remis aux Archives départementales. Nous y sommes allés ensemble le 20 décembre 2021.
J'ai demandé sur le contrat de don que j'ai signé, que les documents soient consultables sur place en salle de lecture et qu'ils soient publiés intégralement sur le site internet des Archives Départementales.
À ce titre, j'ai également remis les fichiers informatiques des documents que j'avais numérisés en haute définition.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous annoncer que les documents constituent le fonds Georges BIET répertorié sous la cote 449 J aux Archives Départementales des Vosges. Le fonds Georges BIET est consultable en salle de lecture.
L'ensemble du fonds rédigé par Julien DUVAUX est publié sur le site des Archives Départementales des Vosges à l'adresse ci-dessous, j'en ai été informé hier 20 mars 2024 :
Le fonds Georges Biet est structuré en quatre parties : Georges Biet (449 J 1-25), Lucienne Biet (449 J 26), Roger Biet (449 J 27-29) et Recherches et...
https://recherche-archives.vosges.fr/archive/fonds/FRAD088_449J
Cliquer sur le lien pour le visualiser, vous pourrez ensuite développer les chapitres, et afficher les photos, coupures de presse, biographie, justificatifs, décorations, courriers militaires, témoignages de reconnaissance etc.
La publication est l'aboutissement de la démarche engagée pour le devoir de mémoire avec Julien DUVAUX que je remercie particulièrement. Je remercie également la Direction et le Personnel des Archives Départementales qui ont fait le nécessaire pour que la rédaction du fonds et l'ensemble des documents soit communicables en salle de lecture et partagé avec le public sur le site internet.
Le devoir de mémoire est d'autant plus important aujourd'hui quand on voit la situation dans le monde. Il faut tout faire et déjà se souvenir, pour que l'histoire ne soit pas comme on peut l'entendre dire, "un éternel recommencement". Dans ses interventions publiques, associatives, mon grand-père concluait en disant "Plus jamais ça"
Je vous remercie de votre attention et je vous invite maintenant à découvrir le fonds Georges BIET en vous rendant sur le site des Archives Départementales des Vosges à l'adresse indiquée.